La concurrence a incité les banques à revoir leurs offres sur leurs contrats groupes, « en pratiquant parfois un alignement sur le prix des contrats alternatifs externes », montre un rapport du Comité consultatif du secteur financier (CCSF).

La concurrence sur le marché de l’assurance emprunteur, si elle n’a quasiment pas changé à ce jour la part de marché hyper dominante des banques, semble avoir entraîné une baisse des tarifs. Pour la première fois, une étude a tenté de quantifier cette baisse. À la demande du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, un rapport du Comité consultatif du secteur financier (CCSF) s’est en effet penché sur les bénéfices pour le consommateur de cette ouverture à la concurrence effective depuis plusieurs années. Le cabinet de conseil en actuariat et en assurance Actélior a mené cette étude.

Contrats bancaires versus contrats externes

Ce rapport montre tout d’abord que les banques ont su se réorganiser face à l’émergence des assureurs externes et de leurs tarifs très compétitifs. A côté de leurs « contrats groupes » traditionnels, les réseaux bancaires distribuent aujourd’hui de plus en plus de contrats internes alternatifs (« individualisés ») qui, par nature, sont davantage segmentés en fonction du risque associé à chaque profil d’emprunteur (âge, catégorie socio-professionnelle, état de santé…) et permettent donc des tarifs plus personnalisés.

La concurrence a donc naturellement incité les banques à revoir leurs offres sur leurs contrats groupes, « en pratiquant parfois un alignement sur le prix des contrats alternatifs externes (NDLR : lorsqu’un emprunteur choisit une délégation d’assurance) ou en développant leurs propres contrats alternatifs internes », souligne le rapport.

Une baisse des tarifs globale

Ce rapport conclut ainsi que les tarifs de tous les contrats emprunteur, contrats groupes bancaires ou contrats alternatifs, ont considérablement baissé, au bénéfice de la majorité des emprunteurs, avec des baisses allant de 10 % à 40 %, tout en conservant une excellente couverture des garanties, voire en les renforçant. Le problème, c’est que cette évaluation de la baisse des tarifs englobe les contrats externes proposés par les assureurs en déliaison ou substitution et ne permet donc pas d’isoler l’évolution des tarifs des contrats distribués par les banques.

Un argument contre la possibilité de résiliation à tout moment

C’est d’ailleurs cet argument imprécis de baisse des tarifs qui avait été évoqué lors des débats sur le projet de loi Asap par les opposants à la possibilité de résiliation à tout moment de l’assurance emprunteur… Car si les tarifs baissent globalement par le jeu de la concurrence, on ne mesure pas l’évolution de l’écart entre les tarifs des banques et ceux des contrats en délégation. D’autant que la grande majorité des emprunteurs reste assurée via un contrat groupe bancaire.

Les écarts de tarifs varient selon le profil de l’emprunteur

Les exemples de tarifs pratiqués en 2019 entre contrats groupes bancaires et contrats alternatifs externes mentionnés par le CCSF montrent en tout cas que les écarts peuvent rester grands en fonction des profils d’emprunteurs et principalement de leur âge. Pour un jeune salarié cadre non-fumeur (25 ans) empruntant 100.000 € sur 20 ans, le tarif annuel de son assurance de prêt sera en moyenne d’environ 168,8 € pour les contrats groupe bancaires par rapport à 68,5 € en moyenne chez un assureur externe.

Pour un enseignant fumeur de 40 ans, le tarif moyen de l’assurance externe ne sera pas forcément plus intéressant que celui la banque mais le meilleur tarif du marché sera celui d’un assureur externe. A partir de 55 ans par contre, le rapport devient le plus souvent défavorable aux assurances externes.

Publié par Olivier Cheilan |

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