Fin 2017, le patrimoine des Français représentait 8,5 fois leurs revenus annuels. Ce rapport n’était que de 7,6 en 2005 et même de 5,6 en 2001.

11.494 milliards d’euros, soit une moyenne de 171.000 euros par habitant. Tel était le montant net de dettes du patrimoine des ménages français selon le dernier pointage effectué par l’Insee (données à fin 2017).

Toutefois, c’est surtout l’évolution de ce patrimoine au fil du temps qui attire l’attention. Fin 2017, il représentait 8,5 années de revenus (revenu disponible). Comparé à fin 2016 (8,4), ce rapport n’a guère progressé. En revanche, il a fait un bond en avant sur plus longue période. Il était par exemple de 7,6 en 2005 et de 5,6 en 2001.

Un effet de valorisation avant tout

Les Français sont connus pour épargner. En 2017 par exemple, ils ont mis de côté 14,3% de leur revenu cumulé, dont 4,4% sur la seule épargne financière. Mais cette tendance à la thésaurisation ne suffit pas à expliquer la progression du stock de patrimoine. Selon nos calculs, pour passer de 8,4 à 8,5 années de revenus par le seul jeu des flux d’épargne, il aurait fallu que les Français mettent de côté environ 30% de leur revenu disponible de l’année 2017.

Le patrimoine des Français a donc en parallèle profité de la revalorisation des actifs au cours des dernières années.

L’immobilier et les actifs financiers

Concrètement, ce rapport passé de 7,6 à 8,5 entre 2005 et 2017 signifie qu’en douze ans, le patrimoine des ménages a progressé plus vite que leurs revenus. Ainsi, d’après nos calculs basés sur les données de l’Insee, le patrimoine net a enflé de 40,9% en douze ans (2,9% par an en moyenne), alors que les revenus n’ont augmenté « que » de 26% (1,94% par an).

Bien entendu, beaucoup ont en tête la hausse des prix de l’immobilier au cours des années passées. La contribution de l’immobilier a été indéniable puisque la valeur du patrimoine immobilier (+35%, soit 2,5% par an) a grimpé plus vite que les revenus.

Cependant, l’évolution du patrimoine financier a été encore plus soutenue. En douze ans, elle a atteint +61,3% (4,06% par an en moyenne).

Conséquence directe, en dépit du dynamisme des prix de l’immobilier, ce dernier pèse moins lourd qu’auparavant dans le patrimoine brut des ménages : de 62,8% en 2005, son poids est tombé à 58,5% fin 2017.

Un recours accru à l’endettement

Il est enfin important de rappeler qu’au cours des douze années étudiées, la construction du patrimoine a été également opérée via un recours accru à la dette. Entre 2005 et 2017, la dette cumulée des ménages a progressé de 85%. En 2005, elle représentait 9,8% du patrimoine brut. Il y a un an, le taux était de 12,4%.

Autrement dit, la valeur du patrimoine réellement détenu par les Français n’a pas augmenté de 40,9%. Leur patrimoine brut (13.125 milliards d’euros en 2017) a bondi de plus de 45% en douze ans. Mais l’utilisation plus fréquente du levier de la dette a limité à 40,9% la progression du patrimoine net

Publié par Olivier Decarre

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