Selon Oxfam, qui a publié son rapport annuel sur les inégalités, l’écart entre les plus fortunés et les plus pauvres ne cesse de s’accroître. Dans le monde, plus de 2.000 milliardaires détiendraient près des deux tiers des richesses de l’humanité.

(Boursier.com) — Les chiffres peuvent donner le vertige… Comme chaque année, à la veille de l’ouverture du Forum de Davos, Oxfam publie son rapport annuel sur les inégalités dans le monde. L’ONG a ainsi relevé cette année que les 2.153 milliardaires du monde entier se partageaient en 2018 plus de richesses que 4,6 milliards de personnes, soit 60% de la population mondiale.

Les 1% les plus riches de la planète possèdent même plus de deux fois la richesse de 90% de la population mondiale, toujours selon Oxfam, qui dit s’appuyer sur les données de Crédit Suisse

La France n’est pas épargnée par ces inégalités. « Le système social français, basé sur le principe de redistribution, avait jusque-là permis de lutter contre les inégalités et la pauvreté. Mais il est danger à cause de choix politiques qui réduisent la participation des plus riches à l’effort de solidarité par l’impôt et fragilisent le financement des services publics », explique l’ONG dirigée par Cécile Duflot.

Les inégalités repartent à la hausse

Depuis 2018, les inégalités sont même reparties à la hausse, et la pauvreté aussi. « La situation s’est aggravée depuis la réforme fiscale de 2017 qui privilégie clairement les intérêts des très riches au détriment des plus précaires », précise Oxfam. Ainsi, 7 milliardaires français possèdent plus que les 30% les plus pauvres, ils étaient 8 l’année dernière. Les 10% les plus riches possèdent également la moitié des richesses du pays, alors que la France compte, depuis 2018, 400.000 pauvres supplémentaires.

Interrogée par ‘BFMTV’, Pauline Leclère, porte-parole d’Oxfam France, a pointé notamment les politiques d' »allègements fiscaux massifs ». En France, « l’instauration de la flat tax et la suppression de l’ISF au début du quinquennat ont accentué cette tendance en diminuant de nouveau la participation des plus riches à notre système de redistribution », explique-t-elle.

Ainsi, « les plus pauvres restent les grands perdants des mesures budgétaires depuis le début du quinquennat : ce sont les seuls à ne pas avoir vu, depuis trois ans, leur pouvoir d’achat augmenter significativement », ajoute Pauline Leclère.

Un « système économique sexiste et injuste »

L’ONG a par ailleurs dénoncé un « système économique sexiste et injuste », alors que les hommes, qui sont d’ailleurs plus nombreux à occuper des postes à haute responsabilité, détiendraient 50% de richesses de plus que les femmes dans le monde. En France, Oxfam note que les femmes occupent 78% des emplois à temps partiel et 70% des CDD et des intérims.

Dans son rapport, Oxfam a ainsi appelé le président Macron à réorienter « de toute urgence sa politique en faveur d’une réduction des inégalités », en prenant des mesures « qui enrayent la précarité des femmes ». Parmi ses autres recommandations, l’ONG évoque le rétablissement d’une « fiscalité plus équitable sur les contribuables les plus aisés », avec notamment un « Impôt sur les grandes fortunes en tenant compte des failles du précédent dispositif et en supprimant le Prélèvement forfaitaire unique (PFU) ».